Je devais avoir 17 ans. Je m’étais rendu compte après m’être
brossé les dents que j’avais un petit trou dans ma première molaire en bas à
gauche. En m’apercevant de ça, j’étais horrifié. Je n’avais aucune envie d’aller
chez le dentiste, mais je savais que plus je laisserais traîner les choses,
pire ce serait. Un beau jour, j’ai fini par aller voir ma mère tout penaud en
lui disant que je pensais avoir une carie. Elle a jeté un rapide coup d’œil à
ma dent et a confirmé mes craintes. On prend donc un rendez-vous chez le
dentiste du village pour un mercredi après mes cours au lycée.
Le fameux mercredi tant redouté arrive. Je suis anxieux
toute la journée à l’idée d’aller me faire soigner cette dent. Je suis
tellement stressé que je vais plusieurs fois aux toilettes avant de partir à
mon rendez-vous. Sur le chemin, mon anxiété est croissante et je suis nauséeux.
Ma mère m’accompagne à ce rendez-vous. On arrive au cabinet du dentiste. Dès la
porte franchie, je sens cette odeur caractéristique des cabinets des dentistes.
Après s’être présenté à la secrétaire, on va patienter en salle d’attente. Là,
il n’y a rien à faire à part imaginer ce qui va bien pouvoir m’arriver dans
quelques minutes. La patiente qui avait rendez-vous avant moi finit par quitter
la salle de soin du dentiste : mon tour est proche ! Quelques instant
plus tard, la porte s’ouvre à nouveau et je vois le dentiste apparaître. Il se
dirige vers la salle d’attente et sans même dire bonjour il me lance un « tu
me suis ».
Ma mère et moi suivons le dentiste jusqu’à la salle de soin
où il « m’invite » à m’installer dans le fauteuil. Il me demande
pourquoi je viens et je lui explique alors que j’ai remarqué que j’avais un
trou dans une dent et que je pense que c’est une carie. Il incline le fauteuil,
rapproche son plateau avec ses instruments, ouvre un tiroir et prend un miroir
et une espèce de petit crochet sans même mettre des gants auparavant. Il pose
ces instruments sur le plateau et allume sa lampe qu’il me met en pleine face.
Il me demande quelle est la dent qui pose problème et me demande d’ouvrir la
bouche. Je m’exécute.
Il introduit son miroir et son crochet dans ma bouche et
commence à gratter ma dent gâtée. Ca fait mal. Certes, la douleur est
supportable mais j’ai mal quand même. Il semble également que je n’ouvre pas la
bouche assez grand à son goût et me demande d’ouvrir plus la bouche alors que
je ne peux pas ouvrir la bouche plus grand. Après avoir bien gratté l’intérieur
de ma dent, il finit par me dire que ce n’est pas une carie mais qu’il me
manque un morceau de l’émail de la dent. Il prépare ensuite sa roulette et
commence à creuser ma dent avec. C’était la première fois que j’avais droit à
la roulette en allant chez le dentiste. Là encore, comme quand il me grattait
la dent avec son crochet, ce n’était pas très agréable et j’avais un peu mal (eh
oui, il n’avait pas jugé utile de m’anesthésier). Je voyais de la poussière
sortir de ma bouche et je me demandais ce qu’il allait rester de ma dent lorsqu’il
aurait fini. Il posa sa roulette trois quatre fois pour continuer de gratter la
dent avec son crochet ou pour nettoyer l’intérieur de la dent avec son espèce
de soufflette à air comprimé. Il me nettoie ensuite l’intérieur de la dent avec
de l’eau et me fait cracher le liquide dans le crachoir. Il rallonge le
fauteuil, me met des rouleaux de coton dans la bouche entre la dent et la joue
et entre la dent et la langue et me dit que c’est important de garder la bouche
bien ouverte. Il me rebouche le trou qu’il y a dans ma dent avec un pansement
et me met dans la bouche un appareil censé faire sécher le pansement. Après un
petit bip, il retire son appareil de ma bouche ainsi que les morceaux de coton
et redresse le dossier du fauteuil. Il me dit alors de me rincer la bouche avec
un gobelet d’eau. J’apprécie de pouvoir me rincer la bouche qui est toute
asséchée à force d’être restée ouverte.
Je pensais en avoir fini et pouvoir rentrer chez moi, mais
le dentiste me dit : « bon, je vais en profiter pour regarder si tu
n’as pas d’autres caries ». Et me voilà rallongé la bouche ouverte en
train de me faire de nouveau examiné les dents. Il grattouille certaines de mes
dents avec son crochet, mais finalement, il me dit que je n’ai pas d’autre dent
à soigner pour cette fois-ci.
Je peux enfin quitter le fauteuil du dentiste, et après
avoir payé le soin qu’il a réalisé et récupéré la feuille du soin, je peux
rentrer chez moi soulagé que ça soit fini. J’ai quand même un peu mal à la dent
qui vient d’être soignée ainsi qu’à la mâchoire à force de rester la bouche
grande ouverte. Je garde aussi le goût du clou de girofle dans la bouche.
Et toi, te souviens-tu de la première fois où tu t’es fait
soigner une dent ?